Lexique

Que ne pas faire ?

Donner la priorité à la rencontre implicite avec les mots en situation, dans des textes variés lus aux élèves ? Alors, c’est le hasard qui conduit l’apprentissage et l’essentiel des activités lexicales se transforme en devinettes. S’interroger sur les mots nouveaux inconnus fait courir un risque si c’est une pratique régulière : les enfants retiennent surtout ce qui se passe en début d’activité, il y a fort à parier que certains retiennent précisément les erreurs initialement formulées !

  • Tourner autour des mots du vécu ? C’est artificiel. Et même s’il faut apprendre à exprimer ce qui nous entoure pour maitriser le monde, cela ne suffit en rien à l’évocation de l’imaginaire et de l’inconnu, essentielle pour passer de la dénomination à la création.
  • Mémoriser des listes de mots ? C’est une perfusion lexicale. Lorsqu’on aura survolé des mots qui ne sont exploitables que dans des circonstances rarement rencontrées, qu’en fera-t-on ? Les élèves en oublient la majeure partie et l’enrichissement du stock lexical devient bien fragile.
  • Tenter d’épuiser la signification des mots et leurs possibles ? Cet épluchage obsessionnel est étouffant, et surtout tellement inutile.

Voici une méthode pour développer le vocabulaire qui repose sur quelques modalités fortes :

  • travailler de manière décrochée et explicite le vocabulaire et rencontrer des textes ou les produire ;
  • travailler avec régularité et non au hasard des textes, pour tirer un réel bénéfice ;
  • formaliser une progression ;
  • travailler à partir d’un mot, hors contexte.

Méthode "au cœur des mots" Annie CAMENISCH
- Lier explicitement pratiques de lecture et d'écriture pour comprendre les textes et les notions
- Utiliser explicitement les connaissances pour comprendre et apprendre (morphologie, sémantique et étymologie)
- Ancrer les séances dans un contexte : discipline / support / syntaxe (mot utilisé en relation avec d'autres)
- Mémoriser : apprendre des mots (contexte, prononciation, orthographe) / utiliser des outils / organiser les mots
- Nommer / Catégoriser / Classer / Mémoriser

3 stratégies interactives : Le CONTEXTE / la FORMATION / Le DICTIONNAIRE
Contexte : interroger le contexte. Faire repérer le mot (surligner) / questionner / conjecturer (sens en contexte) argumenter et reformuler / relier (autres mots famille, synonymes, antonymes,...)
Formation : analyser la formation des mots. Découper le mot en éléments / fabriquer des mots avec des éléments / associer avec des mots de la même famille / expliquer le sens du mot à partir du sens des éléments ou de l'étymologie
Dictionnaire : distinguer le sens qui correspond / repérer définition et exemple / travailler le champ sémantique (lien entre les sens)
travailler sur des articles, comparer différentes définitions de différents dictionnaires,...

VOCABULAIRE : apprendre des mots dans les disciplines / développer des stratégies de compréhension
LEXIQUE : observer comment fonctionnent les mots rencontrés

Quatre principes fondamentaux pour organiser l’apprentissage du vocabulaire en maternelle :

  • aller du vécu vers l’inconnu. Partir de mots hyperfréquents et connus de tous. Ce n’est pas un signe de facilité, loin s’en faut. Plus un mot est fréquent, plus il est complexe, tronqué, composite, polysémique et générique, passepartout et, finalement, abstrait. Ces mots, si utilisés par chacun à sa façon, sont l’occasion de malentendus, d’incertitudes. Ils sont mous. Il faut leur donner de la consistance. Les mots compliqués ou monosémiques ne présentent, eux, qu’un rendement bien faible : que faire de «  rhododendron  » ? Un bouquet, et après ? Partir du déjà su, c’est également faire émerger les représentations de tous les élèves, puisque tous ont quelque chose à en dire : voilà un vrai début de leçon pour tous. Aller vers l’inconnu quand on a une base de départ partagée est plus sécurisant : on se l’approprie mieux et plus efficacement. On le met en relation, on construit des réseaux, des communautés d’intérêt ;
  • aller du mot vers le monde et non l’inverse. C’est particulier à l’apprentissage du vocabulaire explicite. On part du mot lui-même : a-t-il du commun avec d’autres mots (encolure, col, cou) ? Plutôt que parler du «  train  » et des mots qui sont dans son champ (locomotive, rail, gare), partons du mot et de ses potentiels lexicaux et sémantiques «  train, trainer, entrainer, entraineur, trainard, traineau  » puis des univers que ces mots évoquent «  voyageur, route, bateau, trace, lenteur, traintrain, train de vie, arrière-train  », des synonymes, des contraires, des péjoratifs, etc. On fera ensuite des phrases avec tous ces possibles ;
  • aller du langage de dénomination vers le langage d’action. Les enfants naturellement vont vers les verbes ? Eh bien, allons dans le même sens pour les aider à être efficaces ! Que chaque moment de vocabulaire fasse un détour, voire démarre, par le verbe. C’est autour de lui que tout gravite, explorons le soleil avant ses satellites. Le nom ne peut que dénommer, le verbe agit avec les autres mots, il met le monde en mouvement et permet son expression : «  Le chat mange du mou  » ; l’ogre mange-t-il, dévore-t-il ? La souris mange-t-elle ? Grignote-t-elle ? Que mangent-ils ? Où ? Autour du verbe «  manger  » et tous ses parasynomymes, tant d’occasions et de mondes divers à explorer !
  • aller des mots seuls vers leur mise ensemble. Impensable de s’arrêter à la seule étape des mots. Il faut les faire vivre ensemble et inventer des phrases, plein de phrases, des histoires, plein d’histoires. La découverte du vocabulaire ouvre l’occasion d’écouter des histoires puis d’en fabriquer !
Du VOCABULAIRE pour : Parler, lire, écrire, comprendre

COMPRENDRE : le sens des mots, mémoriser, des textes, des concepts, mobiliser des connaissances. Vocabulaire PASSIF

ÉCRIRE : orthographier / PARLER : prononcer, utiliser à bon escient
Contexte et syntaxe. Vocabulaire ACTIF

MOT : Forme (formation, famille, étymologie,) et Sens (discipline, contexte, syntaxe spécifique). Signifiant et signifié.

Noms : 2 formes
Adjectifs : 4 formes (m. f. sg. pl.)
Verbes : une trentaine de formes

COMPRENDRE :
- La formation des mots complexes : dérivation / composition
- Le sens des principaux préfixes, suffixes, racines latines et grecques
- Connaître des notions de : synonymie, antonymie, homonymie, polysémie, hyperonymie
ÉTUDE de la LANGUE :
- Pour écrire (orthographe, catégories grammaticales, fonctions, syntaxe, lexique)
- Pour mieux lire (comprendre et interpréter)
- Pour mieux s'exprimer à l'oral
- Pour construire une posture métalinguistique et un rapport distancié au langage